Les 5 points clés du lobbying

Le lobbying, outil de développement de projets pour les entreprises et les territoires.

« D’abord, il faut se dire que le lobbying, ce n’est pas un gros mot. En France, on considère que le lobbyiste est forcément un dangereux personnage corrompu. En fait, c’est un métier indispensable d’expertise qui met en œuvre un véritable savoir-faire, notamment pour expliquer à ses interlocuteurs les points forts d’un dossier ».

Par ces mots, le défunt Bernard Lapasset, ardent défenseur du rugby français et ancien président d’honneur du Comité d’organisation des Jeux olympiques de 2024, désamorce les idées reçues entourant – à tort – l’activité de lobbying en France. Au contraire, celle-ci mérite d’être considérée sérieusement, en lien avec la dimension stratégique qui la caractérise.

Je vous propose donc, en 5 points clés, d’évaluer tout le potentiel apporté par le lobbying pour aider à développer l’activité, l’influence et la visibilité de votre entreprise.

1- Ni un tabou, ni un gadget : le lobbying est stratégique

Rappelons, pour commencer, que le lobbying – on parle également d’affaires publiques, de représentation d’intérêts ou encore de plaidoyer – n’est ni un « gros mot » ni un gadget, mais une activité encadrée et régulée par des normes ! Et il ne doit pas être non plus un tabou dans notre pays, d’autant qu’il s’agit d’un outil facilitateur pour le développement de projets menés par les entreprises et acteurs des territoires. Plus encore, pour nos TPE et PME, moins habituées à ce type d’actions et disposant de moins de moyens et de temps à y consacrer que les grands groupes.

Selon le droit en vigueur, la « représentation d’intérêts » désigne cette activité consistant à prendre l’initiative d’entrer en contact avec des personnes chargées d’élaborer et/ou de voter les décisions publiques et/ou de conduire l’action publique nationale ou locale, afin d’influencer leurs actions politiques (article 25 de la loi du 9 décembre 2016 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique, dite loi « Sapin 2 »).

Le lobbying contribue ainsi à alimenter les décideurs publics dans le cadre du fonctionnement démocratique de nos institutions, tout en donnant aux entreprises la possibilité de faire remonter un certain nombre de revendications ou de causes, en fonction des sujets d’actualité et dans le respect du cadre défini par la loi et par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). L’activité de lobbying peut donc être déployée par toute une série d’acteurs du monde économique et social : startups, TPE, PME, ONG, associations, fédérations professionnelles, syndicats, think tanks, grands groupes…

Autant que possible, il revient à celles et ceux qui y ont recours de l’employer à des fins bénéfiques pour notre société et notre planète, en faisant avancer des causes utiles, qui ont du sens et de l’impact pour notre avenir.

2- Déployer une veille politique et réglementaire sur vos sujets : accéder aux informations indispensables

Première étape incontournable : mettre en place une veille rigoureuse sur vos sujets. L’enjeu est de pouvoir accéder aux informations essentielles, sur l’actualité et les thématiques liées au secteur d’activité de l’entreprise. Cela passe par une veille médiatique et réglementaire, mais également en obtenant des informations plus confidentielles, en « prenant le pouls » auprès des décideurs politiques, parfois de manière informelle. « Savoir pour prévoir, afin de pouvoir », comme le disait très justement le philosophe Auguste Comte : ces précieuses informations permettront d’anticiper et d’adapter au mieux la stratégie d’influence à prévoir, en vous donnant « un coup d’avance ».

3- Créer du lien entre les acteurs du territoire et les pouvoirs publics : faire vivre le réseau relationnel

Cependant le lobbying, cette activité créatrice de liens durables entre les entreprises, les acteurs locaux et les pouvoirs publics, implique une véritable expertise et une méthode rigoureuse. Et bien évidemment, du temps dédié pour suivre et mener à bien les dossiers afférents. Il convient ainsi de « préparer le terrain », c’est-à-dire d’entretenir tout un réseau de relations sur du long terme, pour ensuite pouvoir activer des contacts, lors d’une crise ou d’un moment particulier, afin d’être en capacité de faire remonter vos demandes.

Il n’est donc pas forcément simple ni instinctif, pour une entreprise – d’autant plus pour une TPE ou une PME –, de réaliser ce type de mission bien spécifique sans s’appuyer sur un responsable des affaires publiques (lobbyiste), que ce soit en interne ou via un cabinet de conseil. Pourtant, ne pas s’intéresser à ces sujets, ce serait faire l’impasse sur un volet éminemment stratégique pour les intérêts de l’entreprise !

4- Influer sur la prise de décisions publiques en faisant valoir vos revendications : lancer une intervention

Ainsi, les actions de lobbying visent à faire valoir un certain nombre de messages importants pour l’entreprise auprès des pouvoirs publics, afin d’influer sur leurs prises de décisions susceptibles de concerner votre secteur d’activité.

Prenons quelques exemples concrets. Nous pouvons citer une entreprise qui sollicite un rendez-vous avec le Préfet de son département pour lui demander l’évolution d’une réglementation qui concerne son secteur d’activité. Ou encore, la transmission de suggestions à un parlementaire afin d’influencer la rédaction d’un amendement à un texte législatif étudié par l’Assemblée nationale ou le Sénat. Au niveau local, cela peut également correspondre à une prise de contact initiée auprès du cabinet du Président de Région dans l’objectif d’influer sur une future délibération à débattre au sein de l’hémicycle de son Conseil régional.

5- Améliorer votre influence et la visibilité de votre entreprise : capitaliser sur les résultats obtenus

Pour peu que le lobbying de votre entreprise s’appuie sur une stratégie claire, avec des objectifs ciblés et des moyens adaptés, les résultats finiront par être au rendez-vous. Il conviendrait également de sensibiliser vos équipes à l’importance de ces enjeux, si l’entreprise est accompagnée pour ses affaires publiques, afin de pouvoir les mobiliser en interne pour appuyer les actions déployées.

Alors, après avoir initié un certain nombre d’actions, contacté les interlocuteurs pertinents et fait remonter vos préoccupations, il est temps de prendre du recul sur le lobbying mené par votre entreprise. Pour cela, voici quelques bonnes questions à se poser : quels résultats directs ont été obtenus ? Plus indirectement, comment allons-nous faire vivre le réseau de relations nouées sur du long terme ? Quelles sont les prochaines étapes importantes ou les opportunités à venir pour renouveler des actions ?

Selon les réponses apportées, il n’est pas interdit – au contraire – de communiquer sur des « victoires » remportées par l’entreprise : une loi modifiée qui permet d’encourager une activité bénéfique pour l’économie avec un impact positif sur la société ; la visite d’un Ministre mettant à l’honneur l’entreprise et ses dirigeants ; une aide ou une subvention à un projet particulièrement important, accordée par une ou plusieurs collectivités locales, etc.

Il est toutefois prudent d’analyser, au cas par cas, la manière de mettre en place une telle communication. Souvent, cela pourra être pertinent pour évoquer un sujet particulièrement sensible ou une avancée symboliquement forte. Mais parfois, il pourra être plus judicieux de ne pas en faire trop, malgré les éventuels résultats obtenus : « si vous exercez une influence, feignez au moins de l’ignorer », résumait Henry de Montherlant…

Article rédigé par : Alexis Gibellini

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Auteur

Alexis Gibellini

Le Collab

Dirigeant

Agence d’influence et d’affaires publiques

Alexis Gibellini est un consultant attaché aux territoires, et en particulier à la région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur où il exerce l’essentiel de son activité de conseil en affaires publiques.
Fondateur de l’agence Le Collab. qui accompagne les entreprises locales dans leurs relations publiques, Alexis a travaillé au Secrétariat général du Gouvernement (SGG, services de Matignon), avant de conseiller une députée. Il a également exercé en tant que consultant en agences à Paris et dans des think tanks, avant de redevenir collaborateur parlementaire, à l’Assemblée nationale et à Marseille jusqu’en juin 2022.
Alexis est titulaire d’un Master exécutif en Communication de Sciences Po, après avoir été diplômé en Droit et en Politiques publiques à l’Université Paris II Panthéon-Assas. Dans ses missions successives, Alexis a travaillé sur différents sujets à fort impact : les thématiques liées à la transition écologique, les dossiers maritimes, les enjeux d’innovation, ou encore les questions économiques, sociales et fiscales.

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