Jacques Meler est à la fois IRCÉEN et co-Président de France Angels, la fédération nationale de business angels dont fait partie Provence Angels. Dans cette interview Jacques Meler nous parle de son parcours, du rôle du business angel, et évoque ce que représente pour lui le partenariat stratégique récemment noué entre Provence Angels et l’IRCE.

Jacques Meler, quel parcours vous a amené à devenir co-président du réseau France Angels ?

J’ai d’abord commencé à investir dans plusieurs start up, c’était pour moi un acte militant pour soutenir l’économie réelle et l’innovation. J’ai trouvé cela très stimulant intellectuellement. J’ai passé une grande partie de ma carrière dans les grands groupes et je me suis vite rendu compte que l’accompagnement d’une start up nécessitait une approche très différente. Après plusieurs investissements et au moment de ma présidence du Réseau Provence Angels, j’ai souhaité « professionnaliser » la démarche et avec quelques collègues nous avons structuré les premiers modules de formation pour les nouveaux BA. Il s’agissait essentiellement d’un partage d’expérience, plus un apport de nos partenaires au plan juridique : négociation et rédaction d’un pacte d’actionnaire, valorisation d’une start up etc….

Entre temps j’ai intégré le Conseil d’administration de la Fédération France Angels. Après quelques années on m’a proposé de prendre la Présidence de la Fédération ce que j’ai accepté à condition d’être à deux – beaucoup d’activités étant sur Paris ! J’avais conscience d’un besoin de modernisation de l’image des BA dans l’écosystème. Beaucoup de nouveaux acteurs intervenaient autour des start up et les BA étaient encore trop souvent perçus comme des retraités motivés par les avantages fiscaux ! Ce qui est devenu totalement erroné avec l’arrivée de beaucoup d’entrepreneurs/investisseurs et la disparition des avantages fiscaux. La stratégie que nous mettons en place au sein de la Fédération est donc : agrandir, rajeunir et féminiser la population des Business Angels.

Quel est le rôle du business angel selon vous ?

Le premier rôle bien sûr est d’apporter les moyens financiers de la croissance d’une entreprise. Nous sommes les premiers investisseurs privés lors des premiers tours de financement souvent aux cotés de la BPI et des fonds Régionaux de co-investissement (type Région Sud Investissement). Cela signifie que nous investissons notre propre argent dans la phase la plus risquée : souvent le modèle économique de l’entreprise n’est pas encore établi, les fonds d’investissement n’interviennent que très peu dans cette phase précoce.

L’autre rôle – bénévole – est d’apporter un accompagnement à l’équipe dirigeante. Ils restent maîtres des décisions – nous restons actionnaires minoritaires – mais ils ont souvent besoin d’un appui pour réfléchir et prendre du recul sur la stratégie ou l’opérationnel. Nous sommes là pour partager notre expérience et notre carnet d’adresse !

Enfin nous aidons les dirigeants à établir les bases d’une gouvernance : c’est à dire une formalisation des décisions et des orientations, du reporting pour savoir où va l’entreprise. Ceci est très utile car lors de l’entrée des fonds d’investissement à une étape ultérieure, ils se sentent davantage en confiance et les dirigeants ont appris à structurer leur mode de fonctionnement.

Quelles sont les raisons pour lesquelles vous investissez dans un projet ?

Le fait de s’intéresser à un dossier pour un BA est finalement très suggestif : on connaît, on aime le secteur d’activité ou le produit/service, ou encore on est séduit par la compétence et l’énergie du (ou des) fondateur(s) ou fondatrices. Ensuite avant la décision finale, le processus est beaucoup plus rationnel : validation des hypothèses du Business Plan, analyse du potentiel du marché, solidité financière (fonds propres et trésorerie en rapport avec les ambitions etc… Mais au total c’est bien l’humain qui est primordial : le dirigeant est-il capable de porter le projet et de co-habiter avec ses investisseurs, c’est à dire partager et écouter !

Vous aviez suivi en 2007 le parcours d’accompagnement Reprendre une Entreprise : qu’en retenez-vous aujourd’hui ?

Effectivement après plusieurs postes de cadre dirigeant (Vente Marketing à l’international) je souhaitais reprendre une société dans la Région Sud. Et bien qu’ayant passé ma vie dans le « business », j’avais besoin de revoir les fondamentaux sur l’analyse d’un bilan et la façon d’évaluer et négocier le rachat d’une entreprise. Je me suis passionné pour les différents modules proposés par l’IRCE d’autant qu’en parallèle j’étudiais et négociais plusieurs dossiers de reprise. C’était donc une alternance très « pratico-pratique » pour moi, passant des principes et méthodes acquises…aux travaux pratiques instantanément.

J’en garde un excellent souvenir et même si je n’ai pas conclu finalement de reprise (la crise 2008 n’a pas aidé !), cela m’est encore très utile dans l’investissement et l’accompagnement des start up. J’ai aussi « envoyé » à l’IRCE plusieurs amis qui étaient en phase de réflexion ou reconversion !

Vous qui venez des deux réseaux, que représente pour vous le partenariat qui vient d’être acté entre Provence Angels et l’IRCE ?

Le côté très opérationnel de la formation apportée à l’IRCE est très adapté à notre univers de compréhension et d’accompagnement des start up. Les entrepreneurs doivent se former et être accompagnés pour prendre du recul de la maturité et monter en compétence. La complémentarité me paraît évidente aussi, l’IRCE forme des dirigeants de start up pour lever des fonds, il est important que nous partagions nos modes de fonctionnement, critères de décisions, etc. pour voir arriver des entreprises et des dirigeants prêts pour l’investissement. C’est un rapprochement « culturel » indispensable pour moi entre les start uppers et les BA. Plus on investi dans de jeunes entreprises plus on a de chances de voir émerger des ETI et des Licornes !

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